Joseph Zobel

Joseph Zobel, l’un des « piliers » de la littérature antillaise, est né à Rivière-Salée, dans le Sud de la Martinique, le 26 avril 1915.

Issu d’une famille très modeste, il est élevé par sa grand-mère Man Tine, ouvrière agricole à laquelle il rend hommage dans son roman « La Rue Cases-Nègres ». Pour poursuivre ses études, il rejoint sa mère à Fort-de-France et franchit grâce à ses sacrifices toutes les étapes d’un parcours scolaire brillant, jusqu’au baccalauréat.

Un premier emploi au service des Ponts et Chaussées lui permet de vivre dans les villages du Diamant et du Saint-Esprit, puis il entre comme aspirant répétiteur au Lycée Schœlcher.

La Seconde Guerre Mondiale, isolant la Martinique de la France, le conduit à renoncer à ses projets d’études d’architecture en France. Ses aspirations artistiques débouchent sur l’écriture de quelques nouvelles dans lesquelles il décrit la vie du monde rural martiniquais. Un ami professeur de gymnastique porte ses textes au journal Le Sportif, feuille de chou habituellement consacrée à la publication des comptes rendus de rencontres sportives. Les lecteurs du Sportif s’enthousiasment pour ces textes qui retranscrivent les réalités martiniquaises.

Parmi ses lecteurs, Aimé Césaire, engagé dans l’aventure de la revue Tropiques, encourage Joseph Zobel à écrire un roman. Ce sera Diab’-la, l’histoire d’un paysan qui décide de conquérir sa liberté par le travail de la terre, auprès d’une communauté de pêcheurs dont il partage la vie. Le thème du roman, pas plus que l’auteur, qui fustige l’ordre colonial, ne plaisent guère à la censure, qui «devrait délivrer des autorisations d’impression pour la moindre étiquette de bouteille de liqueur», selon Zobel. Le roman ne sera publié qu’en 1946.

Le ralliement de la Martinique à la France Libre, en 1943, marque la fin du règne répressif de l’Amiral Robert, envoyé du gouvernement de Vichy. Joseph Zobel rencontre alors le gouverneur Ponton, envoyé par le Général de Gaulle et la France Libre. Homme de culture, il recrute le jeune écrivain comme attaché de presse du gouverneur, responsable de deux publications: la revue Antilla et l’hebdomadaire culturel La Semaine Martiniquaise. Après le décès du gouverneur Ponton, dont le remplaçant n’accorde pas d’intérêt aux questions culturelles, Joseph Zobel retourne au Lycée Schœlcher comme secrétaire du proviseur.

Profitant d’un congé administratif, il rejoint Paris pour y reprendre ses études en 1946. Suivant des cours de littérature, d’art dramatique et d’ethnologie à la Sorbonne, Joseph Zobel est en même temps professeur adjoint au Lycée François Ier de Fontainebleau, ville où il s’installe avec son épouse et ses trois enfants en 1947. C’est à cette époque qu’il découvre la France rurale et en particulier le Gard.

Publié pour la première fois en 1950, son roman La Rue Cases-Nègres reçoit le Prix des lecteurs, décerné par un jury de 1000 lecteurs de La Gazette des Lecteurs. Le roman connaît un grand succès, renforcé trente ans plus tard quand la réalisatrice Euzhan Palcy en tirera un film du même nom.

En 1957, porté par son désir de connaître l’Afrique, Joseph Zobel profite de ses nombreuses relations parmi les Sénégalais de Paris, dont Léopold Sédar Senghor et part au Sénégal dans le cadre des dispositifs mis en place par la loi-cadre. Le Ministre sénégalais de l’Éducation, Amadou Matar M’bow, le recrute comme directeur du collège de Ziguinchor, actuellement Lycée Djignabo, en Casamance. Il revient quelques mois plus tard sur Dakar comme surveillant général du lycée Van Vollen et devient quelques années plus tard producteur d’émissions éducatives et culturelles à la Radio du Sénégal, dont il crée le service culturel. Les émissions de Joseph Zobel seront écoutées dans toute l’Afrique Occidentale Francophone. Quelques anecdotes de sa vie dakaroise sont relatées dans les recueils Mas Badara (1983) et Et si la mer n’était pas bleue (1982).

Installé en France depuis sa retraite en 1974 près du village d’Anduze dans le Gard, Joseph Zobel poursuit son travail d’écriture dans un paysage qui n’est pas sans rappeler les mornes du Sud de la Martinique. Il pratique en maître l’art floral japonais et le dessin.

En 1998 il est fait Chevalier de la Légion d’honneur.

En août 2002, le Salon du Livre Insulaire d’Ouessant a décerné son Grand Prix à Joseph Zobel, pour l’ensemble de son œuvre.

Joseph Zobel meurt le 17 juin 2006 à Alès, dans le Gard en France.

Son œuvre

Romans : Les Jours immobiles 1946. Diab’-là 1946 La Rue Case-Nègres 1950 La Fête à Paris 1953.

Nouvelles : Laghia de la mort 1978 Le Soleil partagé 1964 Mas Badara 1983 Et si la mer n’était pas bleue 1982 Gertal et autres nouvelles 1946

Poésies : Incantation pour un retour au pays natal 1964 Poèmes de moi-même 1984 D’Amour et de Silence 1994 Le Soleil m’a dit 2002